Le 25 août 1944, un grand soleil règne sur Marseille. Les hommes du général de
Monsabert se préparent à la bataille dernière ; ils savent que le combat sera dur.
Les forces allemandes sont retranchées sur la colline de la Bonne-Mère. Comme un
ultime défi… Comme un ultime symbole… Débarqués quelques jours auparavant sur
les terres de Provence, les tirailleurs algériens, les goumiers et tabors marocains,
les militaires britanniques et américains se mêlent aux Résistants de la première
heure qui ont ouvert le chemin de la victoire.
La prise de Notre-Dame de la Garde compte parmi les symboles de notre libération ;
il faudra attendre trois longs jours encore pour que Marseille se défasse de ses
chaînes et s’émancipe enfin, par la force des combats, de l’occupation nazie. La
ville est en état de sidération. Meurtrie par les rafles, les bombardements, elle se
réveille d’un cauchemar qui aura duré de trop longues années. Les blessures de la
Seconde Guerre mondiale demeurent et nous obligent. Parce que l’histoire nous
est léguée sans fard, sans artifice, il nous revient d’être les garants des leçons du
passé, d’agir sans cesse pour ne jamais répéter ses heures sombres.
C’est le sens du travail de mémoire, de transmission, auquel nous accordons une
singulière importance. Cette année, nous célébrerons les 80 ans de notre liberté,
et parce que le contexte national et international nous rappelle la nécessité vitale
de ne jamais oublier, nous avons décidé d’en faire une grande cérémonie, ouverte
à toutes et à tous, un moment pour se rappeler ensemble et de réitérer notre
promesse de paix, de vie en commun et de solidarité.
Cette revue retrace l’histoire de notre liberté, chèrement acquise par ceux qui
nous ont précédés. Elle est un hommage à celles et ceux qui ont construit pour
nous une Marseille de la paix, résolument plurielle, profondément unie. Elle est
un manifeste, dans un monde en proie aux plus grands défis, confronté aux plus
vives fractures, et dans une France qui fait face aux résurgences de la division. Un
manifeste au nom de ce que nous avons de plus précieux : la liberté !
Benoît Payan,
Maire de Marseille